vendredi 20 mars 2009

Vincent Moroni

Consigne: Écrire à partir des tarots. Chacun apporte une interprétation personnelle des images du tarot.


Je suis malade.
Grippe.
39 de fièvre depuis trois jours.
Collé au lit, vu que je n'arrive pas vraiment à me lever.
J'alterne bouquins, tisanes, ordinateur portable en équilibre sur les genoux, Panadols et télévision.
La télé, National Geographic. Un spécial weekend sur la renaissance et l'Art Italien.
Je somnolais à moitié devant une représentation du Christ en croix sur une montagne. Bizarre. Je n'avais jamais vu cette oeuvre. J'avais beau fouiller dans ma mémoire d'historien de l'art. Rien. Aucun souvenir ne surgissait. Aucune représentation de Christ-crucifié-mais-sans-croix-sur-une-montagne-en-apesanteur. Le documentaire précisait que c'était une découverte récente attribuée au peintre florentin Masaccio.
Je me redressais sur mes coussins. Masaccio avait une vingtaine d'oeuvres à son actif. Il avait vécu 27 ans en tout et pour tout. Je ne voyais pas du tout quand est-ce qu'il aurait pu, durant sa courte existence, peindre cette chose qui contredisait la plupart des caractéristiques de son art.
Bizarre. Le documentaire interviewait un certain Vincent Moroni, un collègue américain réputé pour ses théories farfelues, rejetées par trois centres de recherche en art et histoire de l'art et des civilisations aux Etats-Unis. Ils avaient apparemment omis cette précision dans le documentaire.
-"Il se recycle en science de la connerie et de la recherche en désinformation" pensai-je.
J'étais outré par l'aplomb qu'il y mettait. S'attribuer une "unique discovery that will change our perception over the art of the 15th century". Décidément ces américains, ils sont fort en phrasé dramatique.
J'étais choqué par la diffusion d'une émission pareille! Non mais, ça va pas! Je ne m'expliquais pas comment est-ce qu'une chaîne télévisée, à la ligne éditoriale réputée pour sa qualité, pouvait diffuser une merde pareille!
Moroni parlait avec emphase de "dreamt vision of the crucifixion". Il prétendait détenir le panneau central d'un triptyque en émail peint. Le documentaire montrait des réflectographies infrarouges de la pièce, des gros plans sur certaines taches sombres qui, soit-disant, dataient de 1425. Le tout n'avait rien de l'émail peint, n'avait rien d'un triptyque et rien d'une oeuvre datant du 15ème siècle ! Hallucinant. Personne n'avait-il vérifié ses dires avant de lui consacrer un documentaire qui m'avait tout l'air d'un spoof très bien fait?
Eberlué, les yeux en soucoupe, je voyais défiler un résumé de la vie et de l'oeuvre de Masaccio, joué par de mauvais acteurs, habillés de fausses références vestimentaires d'époque, le tout ponctué de commentaires à la noix: "amazing", "unforeseen", "revolutionary", ou bien encore "greatest discovery of our time".
Ridicule.

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