jeudi 26 mars 2009

Partir, mourir, revenir, c’est le jeu des hirondelles

« Partir, mourir, revenir, c’est le jeu des hirondelles » c’est surtout en fait une phrase inscrite sur un mur à Monot. A un concours de photo à l’école, je me souviens qu’on avait gagné un des premiers prix, en fixant cette phrase et toute son ambigüité.
Puis le temps a passé, j’ai eu 23 ans et une amie m’offre un livre qui mêle textes et bandes dessinées.
Le dit livre avait pour titre cette phrase que je croyais rangée dans mon tiroir à photos.
Flash-back des années d’école, flash-back du mur qui portaient ces mots comme un sceau.
Alors comme ça rien ne s’oublie, tout jusqu’à l’infime détail réapparait et se recycle.
De façon anodine, anecdotique, les vestiges d’un passé révolu nous saisissent dans notre oubli et nous saluent comme pour rappeler inlassablement le vécu.
Des gens, des émigrés, des exilés, des ex, des souvenirs jaillissent quand on s’attend le moins, quand on croyait avoir oublié. Nous, oui, un peu, enfin un peu plus qu’hier, mais eux, visiblement pas. Alors ce passé parfois léger, parfois lourd, nous reste comme un boulet invisible qui nous fait trébucher quand on court trop vite ou on essaye de s’enfuire.
Partir, mourir, revenir, c’est le jeu des hirondelles, mais, ces hirondelles, qui se font de plus en plus rares, ces hirondelles, c’est nous en fait. Dans notre authentique humanité, à la fois méprisable et admirable, qui nous condamne toujours à un sentiment inhérent d’errance contre lequel on se bat et l’on part, vers d’autres cieux, dans d’autres bras.
Peut- être que quand vous m’écoutez parler vous vous dites:"Tellement de choses contradictoires.""
D’abord de quoi parle-t-elle ? Puis pourquoi autant de mélancolie dans les mots ?
Quel est le C.V affectif de cette personne qui se dit errante ?
Je vais vous répondre, arrêtez de penser et de me regarder avec des yeux curieux.
Je parle de vous en fait. En observant les allées et venues d’êtres et de circonstances dans votre vie, ou peut-être même vos propres allées et venues, quand, comme moi, vous cherchez quelqu’un, quelque chose, une raison qui vous donne envie de rester, de devenir vraiment sédentaires et sereins dans votre immobilité. On a beau prétendre le contraire nous sommes resté nomade à fortiori dans la célérité de notre vie moderne exténuante.
Courir vers l’appât du gain, courir pour prendre le métro, pour aller en cours, sortir, rentrer le soir, courir plus vite, je n’ai pas le temps, trouve du temps ! je dors pas, je bosse, je bosse donc je suis, je cours donc je suis, je cherche…
Nomades du IIIème millénaire, nomades dans le fond et la forme, tellement agités qu’on ne sait plus voir, qu’on ne sait plus prendre son temps, et que nous venons enfin de trouver, dans notre BlackBerry surchargé et dans nos horaires d’insomniaques, deux petites heures pour écrire juste une fois par semaine.

Marie-Hélène Salameh.

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