mardi 31 mars 2009

Hertiem

Consigne: Écrire à partir des tarots. Chacun apporte une interprétation personnelle des images du tarot.



Pourtant ce matin-là, rien n'avait bougé. Chaque objet, chaque meuble, chaque bloc de lumière posait de sa consternante fixité et attendait que le réveil gémisse, qu'Hertiem se réveille, se lève du lit, titube jusqu'à la salle de bain et glisse tout près de son reflet dans le miroir.
Or ce matin-là, avant son café du matin, le réveil gémit, Hertiem se réveilla, se leva du lit, tituba jusqu'à la salle bain mais ne glissa pas tout près de son reflet dans le miroir.

Stop. Le regard se ballade. Du crâne à la nuque. De la nuque au front. Des contrées lointaines nichées dans ses rides, des babillages inaudibles dans sa barbe. Du blanc-gris de sa beau au bleu-nuit de ses yeux...Stop. Pourquoi? Pourquoi est-ce que tu ressembles à ca? Qui t'a demandé de ressembler à ca?

Le réveil sonne. La cafetière s'agite. La poubelle pue de plus belle. Hertiem ne bouge plus. Hertiem ne sait plus. Hertiem a-t-il jamais su?

L'ampoule a explosé. Le réveil hurle.

Aller Hertiem. Lève le bras...nettoie ta couronne d'ivoire jaune. Après tu te cureras les oreilles avec ces cotton-tiges achetés au supermarché à 3$40. Après tu enfileras tes pentouffles d'hôtel. Après tu avanceras jusqu'à la cuisine. Après tu avaleras. Tu avaleras encore. Tu avaleras tout. Compris? Et puis après...bien après tout ca, ca ira.

Mais Hertiem, ce matin-là, ne bougea pas. Avait-il rejoint la consternante fixité de ses meubles? Ou commencait-il tout juste à sentir son coeur bouger?

lundi 30 mars 2009

Marianne Adam

Consigne: La liste des 8. Chacun place 8 mots au choix dans un bocal. Chaque bocal indique une catégorie de mots: Noms communs; adjectifs, verbes, indicateurs temporels, indicateurs spatiaux, lettre commençant par..., etc.
Chacun écrit un texte à partir de ces mots tirés au hasard dans chaque bocal.

Cette seconde dura un long moment. Marianne regardait l'ampoule pendouillante de sa cave. Elle avait bel et bien renoncé à la beauté de sa transparence dans son couple. Elle le savait. Mais elle ne saurait pas adopter un autre choix. Ce Graves 2004 fera láffaire pour le dîner de ce soir.


Elle pourrissait de l'intérieur. Du fond de son impasse, 1900 souvenirs rejaillissaient dans un ovni de sentiments insupportables, entassés comme des sardines puantes. La douleur mâchait son coeur de ses dents jaunies: "Quelle conne! Une conne!" Elle serra le couteau dans son poing. Une lumière rougeâtre de fin dáprès-midi envahit la cuisine. Il faisait doux ce jour-là. Les enfants n'allaient pas tarder à rentrer de l'école.


Le 30 octobre, elle arpenta la rue Bonaparte. Sa robe était tâchetée du vin de comptoire quélle venait d'avaler. Elle ne se souvenait plus où elle avait garé sa voiture. Sa concentration baissait au fur et à mesure que les passants la dévisageaent avec condescendance. Leurs regars trouaient la jolie robe achetée au Prisunic la veille de son anniversaire. Le corps hagard, la démarche asymétrique, elle zigzagua encore le long de la rue Bonaparte. Deux fois, trois fois, peut-être plus.

Madame Marianne Adam. Elle grimpa jusqu'au toit de sa maison et déclama bien fort: "Madame Marianne Adam!" Qu'est-ce que ce nom signifiait encore pour elle aujourd'hui? Le point de jonction parfait du tout ou rien. Elle avala une grande bouffée d'air frais. De son toit, elle pouvait fixer l'horizon. Elle arrivait à oublier ce qui se trouvait en-desous.
Très tôt, chaque matin, Marianne ne pouvait se passer de ce rituel pour que sa journée soit.

Têtue dans ses rêves, Thomas était encore duc de Neverre. A minuit, elle fuguait du dortoir pour aller danser dans la forêt avec ce coquin. Enfreindre les règles était bien le fantasme qui la rendait parfois...différente des autres.
Mais en réalité, Marianne ètait tout sauf différente. C'était une femme tout ce qu'il y a de plus banal. Ses périgrinations intérieures ne sont que l'expression des impressions, dont j'ai bien voulu la revêtir.

dimanche 29 mars 2009

Baise-moi-mon-lapin

Consigne: Cadavre exquis. Chacun écrit une phrase en haut de sa feuille, la plie de manière à la cacher et la passe à son voisin qui effectue la même chose. Et ainsi de suite...
- Monsieur / Madame

F: "Non non..."
H: "Oh putain, oh putain! Tu pourrais baisser la voix. Je ne voudrais pas en parler, je suis perdu."
F: "Non, laissez-moi tranquille!"
H: "Je ne veux pas jouer à ce jeu débile. Et puis, arrête de me vouvoyer."
F: "Arrêtez! vous me faites rougir Alphonse! Jamais personne ne m'a parlé comme ça avant!"
H: "Bon, ça y est, ça recommence..."
F: "Tu m'offres une barbe-à-papa? Comme tu es beau!"
H: "Arrête avec ton trip et va enlever cet accoutrement stupide. Je ne veux pas jouer à baise-moi-mon-lapin!"
F: "Bon. J'arrête. Tu n'es pas drole! On aurait pu s'amuser... Revoyons le film! Allez! Allez!"
H: "Femme! lache le remote-control!"
F: "Mais qu'est-ce qui te prend? c'est un jeu... Un petit jeu sexuel... hein... habibi, mon amour..."
H: "J'ai peur. Je ne sais pas quoi faire. Je veux mais je n'arrive pas."
F: "Bon, on essayera une autre fois. Je t'aime, tu sais."
H: "Tu es la crème de la crème des femmes, merci de m'avoir aimé, merci pour la tendresse..."
F: "Mouais, c'est ça! embrasse-moi."
H: "Attends. Mon téléphone sonne, je dois répondre c'est le bureau"
F: "..."
H: "Bon... Je sors. Tu n'as qu'a coucher les enfants. Et puis prends-toi un bain chaud, ça va te calmer."

Pourquoi? Parce que.

Consigne: Cadavre exquis. Chacun écrit une phrase en haut de sa feuille, la plie de manière à la cacher et la passe à son voisin qui effectue la même chose. Et ainsi de suite...
- Pourquoi / Parce que


Pourquoi tu ne dis rien?
Parce que je le vaux bien

Pourquoi la pomme a-t-elle du tomber sur la tête de Newton?
Parce que Nostradamus l'avait prédit

Pourquoi les fourmis ont-elles toujours l'air affairé?
Parce que c'est dans l'ordre des choses

Pourquoi? Je veux savoir. Pourquoi? Dis moi.
Parce que.

Pourquoi tu fermes les yeux et trembles des mains en éjaculant?
Parce que les égoûts ca pue.

Pourquoi tu as toujours réponse à tout?
Parce que ca ne te regarde pas. Et puis va voir ailleurs si j'y suis.

Monsieur et Madame Y

Consigne: Cadavre exquis. Chacun écrit une phrase en haut de sa feuille, la plie de manière à la cacher et la passe a son voisin qui effectue la meme chose. Et ainsi de suite...
- Monsieur / Madame


L'homme sort de la salle de bain.

"-Ma chemise est mal repassée!
- J'aime quand tu me demandes à quoi je pense.
- Regarde, il y a des plis partout. Je ne peux quand même pas sortir comme ca!
- Je te sers un verre?
- Kha la la... Qu'est-ce qu'il y a encore? Tu veux qu'on baise, c'est ca?
-Non. Je ne cèderai pas."

L'homme s'avance tout doucement, l'air consterné. Marque une pause.

"- Tu m'as vu ces pecs un peu? Impressionnant non?
- Mouais... Je ne sais pas trop.
-Comment ca tu ne sais pas trop? Je veux bien mais quand même!
-Bon ok. Dans ce cas tu veux bien sortir les poubelles?"

L'homme tourne les talons et repart dans la salle de bain.

"- 'Nték."

Le fou du quartier

Consigne: Cadavre exquis. Chacun écrit une phrase en haut de sa feuille, la plie de manière à la cacher et la passe a son voisin qui effectue la meme chose. Et ainsi de suite...
- Si j'étais / tu serais

Si j'étais borgne au des aveugles
Tu serais mon double

Si j'étais con
Tu serais moins con et un peu plus attentionné

Si j'étais la madelaine de Proust
Tu serais une gorgée de mauvais whisky

Si j'étais Barbie
Tu serais là au lieu d'être en vadrouille

Si j'étais une femme de goût
Tu serais ce que tu voudrais être: Un chien, une merde, un drozophile

Si j'étais moins bavarde
Tu serais comme cet acteur, Tom Cruise

Si j'étais une artiste
Tu serais une écaille de poisson jetée au chat du voisin

Si j'étais un ange
Tu serais le fou du quartier

Tu serais con

Consigne: Cadavre exquis. Chacun écrit une phrase en haut de sa feuille, la plie de manière à la cacher et la passe a son voisin qui effectue la meme chose. Et ainsi de suite...
- Si j'étais / Tu serais

Si j'étais un arbre centenaire
Tu serais bien assis à me regarder

Si j'étais calife à la place du calife
Tu serais les pieds puants qui y sautent dessus

Si j'étais plus honnête
Tu serais en train de préparer ton exil, n'importe où, mais très loin

Si j'étais belle et intelligente
Tu serais la cerise sur le gâteau

Si j'étais décérébré
Tu serais celle dont je sohaite la mort

Si j'étais un clou
Tu serais la peau de mes fesses

Si j'étais plus belle à regarder
Tu le serais aussi

Si j'étais la mégère que tu dis que je suis
Tu serais con

Si j'étais une goutte de pluie

Consigne: Cadavre exquis. Chacun écrit une phrase en haut de sa feuille, la plie de manière à la cacher et la passe a son voisin qui effectue la meme chose. Et ainsi de suite...
- Si j'étais /Tu serais

Si j'étais une goutte de pluie
Tu serais plus attentive

Si j'étais une trompe d'éléphant talentueuse
Tu serais moins peureux

Si j'étais Dieu et que rien n'était important, j'aurais une meilleure image de moi-même
Tu serais plus heureux

Si j'étais né il y a 100 ans ou 2 siècles plus tôt
Tu serais un anémique du cerveau

Si j'etais un clochard
Tu ne m'oublierais pas

Si j'étais vieux
Tu serais mon chien

ah l'amour...

Consigne: Cadavre exquis. Chacun écrit une phrase en haut de sa feuille, la plie de manière à la cacher et la passe a son voisin qui effectue la meme chose. Et ainsi de suite...
- Si j'étais / Tu serais

Si j'étais une poupée
Tu serais Dieu, la Sainte Vierge et tout les anges à la fois

Si j'étais un matelas
Tu serais peut-être plus sain d'esprit

Si j'étais une petite fée
Tu serais une chanson dans la tête

Si j'étais un sabre à trancher les pièces montées
Tu serais une reine

Si j'étais dans dans la voiture avec toi hier
Tu serais le feu de mon briquet, la fumée de ma cigarette et...bon j'arrête

Si j'étais riche, si seulement j'étais riche, chantait Rita Mitsouko
Tu serais parti

Si j'étais quelqu'un d'important
Tu serais une fleur

Si j'étais un système électro-magnético-philosophico logique
Tu serais en train d'écrire à ma place

samedi 28 mars 2009

En vrac

Consigne: La liste des 8. Chacun place 8 mots au choix dans un bocal. Chaque bocal indique une catégorie de mots: Noms communs; adjectifs, verbes, indicateurs temporels, indicateurs spatiaux, lettre commençant par..., etc.
Chacun écrit un texte à partir de ces mots tirés au hasard dans chaque bocal.

Coco le wahech était réputé pour ses cuites malodorantes. Le 1er mars 2009, il acheta un lit sous lequel on le retrouva peu de temps après.

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Un matin de pluie, dans sa salle de bain, Marine Le Pen jouissait du câlin de ce dernier, généreux à en crever. Tu le crois ca? Non mais...

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C''etait bien au 18ème siècle qu'Octave mourut dans sa montgolfière, au-dessus de l'océan Indien. Après avoir savouré un tiramisù bien crémeux préparé par sa vieille maman, sa nature distraite voulut qu'en allumant sa cigarette, la flamme de son allumette provoqua un incendie céleste qui fit hurler le petit Benjamin: "Regardez capitaine! Un soleil!"

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Pour une raison encore obscure, le sentiment de devoir écrire accaparait Hicham de plus en plus. Il s'était pourtant promis de ne plus séxposer à la page blanche depuis bien longtemps déjà. Pourtant, minuit sonnant ce soir-là à Laqlouq, les manifestations physiques de son blocage prenaient une tournure presque caricaturale: Des grosses gouttes de sueur coulaient le long de ses doigts, ses yeux bleus viraient au noir, de sa bouche perlaient un filet de lettres puantes.
Pourquoi diable ne se résignait-il pas à se saisir de son crayon?

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Sasha sur scène
Se perdait dans sa crotte
Paraissait si obscène
Alors que si coquette

C'est pas de veine
Si Sasha dans ses bottes
Ravalait les sirènes
De sa cote.

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A 3h du mat'
Sous les couvertures
Ulysse rebondissait
Sur les cuisses délicieuses
De Pénélope

MOI et toi

Consigne: Cadavre exquis. Chacun écrit une phrase en haut de sa feuille, la plie de manière à la cacher et la passe a son voisin qui effectue la meme chose. Et ainsi de suite...
- J'aime / Parce que / Si tu ne / Tu

J'aime
te regarder t'entortiller dans tes lacets. Je ne t'aiderai pas
Parce que quand on est con on est con
Si tu ne me regardes pas dans les yeux je ne peux pas savoir
Alors tu te prendras mon poing dans la gueule

J'aime, je déteste, j'aime, je déteste... J'ai un problème. Je passe souvent dúne extrême à l'autre.
Si tu ne réfléchis pas avant de parler
Tu vas t'en prendre une

J'aime bien me prendre pour Dieu de temps en temps,
Parce que je suis maniaque et égoiste
Si tu ne réponds pas tout de suite, je croquerai la pomme
Tu le regretteras amèrement


vendredi 27 mars 2009

06:06:06 PM

Consigne: La liste des 8. Chacun place 8 mots au choix dans un bocal. Chaque bocal indique une catégorie de mots: Noms communs; adjectifs, verbes, indicateurs temporels, indicateurs spatiaux, lettre commençant par..., etc.
Chacun écrit un texte à partir de ces mots tirés au hasard dans chaque bocal.

Elle jeta un coup d'oeil rapide à l'horloge des coulisses. 6h, 6min, 6sec.
Elle pensa que ce serait l'heure à laquelle le médecin légiste estimerait la mort du dénommé Hector, étranglé par sa propre cravate, des mains de Lou, la danseuse étoile. Elle imagina le scandale que ça ferait dans les journaux.
Elle regarda son "adorable-amoureux-transi" ramper à ses pieds, lui re-promettant, pour la énième fois, ciel et terre si elle acceptait d'être sienne.
Elle pensa rageusement qu'elle s'abstiendrait, encore une fois, de céder à ses pulsions criminelles.

jeudi 26 mars 2009

Partir, mourir, revenir, c’est le jeu des hirondelles

« Partir, mourir, revenir, c’est le jeu des hirondelles » c’est surtout en fait une phrase inscrite sur un mur à Monot. A un concours de photo à l’école, je me souviens qu’on avait gagné un des premiers prix, en fixant cette phrase et toute son ambigüité.
Puis le temps a passé, j’ai eu 23 ans et une amie m’offre un livre qui mêle textes et bandes dessinées.
Le dit livre avait pour titre cette phrase que je croyais rangée dans mon tiroir à photos.
Flash-back des années d’école, flash-back du mur qui portaient ces mots comme un sceau.
Alors comme ça rien ne s’oublie, tout jusqu’à l’infime détail réapparait et se recycle.
De façon anodine, anecdotique, les vestiges d’un passé révolu nous saisissent dans notre oubli et nous saluent comme pour rappeler inlassablement le vécu.
Des gens, des émigrés, des exilés, des ex, des souvenirs jaillissent quand on s’attend le moins, quand on croyait avoir oublié. Nous, oui, un peu, enfin un peu plus qu’hier, mais eux, visiblement pas. Alors ce passé parfois léger, parfois lourd, nous reste comme un boulet invisible qui nous fait trébucher quand on court trop vite ou on essaye de s’enfuire.
Partir, mourir, revenir, c’est le jeu des hirondelles, mais, ces hirondelles, qui se font de plus en plus rares, ces hirondelles, c’est nous en fait. Dans notre authentique humanité, à la fois méprisable et admirable, qui nous condamne toujours à un sentiment inhérent d’errance contre lequel on se bat et l’on part, vers d’autres cieux, dans d’autres bras.
Peut- être que quand vous m’écoutez parler vous vous dites:"Tellement de choses contradictoires.""
D’abord de quoi parle-t-elle ? Puis pourquoi autant de mélancolie dans les mots ?
Quel est le C.V affectif de cette personne qui se dit errante ?
Je vais vous répondre, arrêtez de penser et de me regarder avec des yeux curieux.
Je parle de vous en fait. En observant les allées et venues d’êtres et de circonstances dans votre vie, ou peut-être même vos propres allées et venues, quand, comme moi, vous cherchez quelqu’un, quelque chose, une raison qui vous donne envie de rester, de devenir vraiment sédentaires et sereins dans votre immobilité. On a beau prétendre le contraire nous sommes resté nomade à fortiori dans la célérité de notre vie moderne exténuante.
Courir vers l’appât du gain, courir pour prendre le métro, pour aller en cours, sortir, rentrer le soir, courir plus vite, je n’ai pas le temps, trouve du temps ! je dors pas, je bosse, je bosse donc je suis, je cours donc je suis, je cherche…
Nomades du IIIème millénaire, nomades dans le fond et la forme, tellement agités qu’on ne sait plus voir, qu’on ne sait plus prendre son temps, et que nous venons enfin de trouver, dans notre BlackBerry surchargé et dans nos horaires d’insomniaques, deux petites heures pour écrire juste une fois par semaine.

Marie-Hélène Salameh.

Risque

Je ne sais pas où j’ai lu ça mais je me souviens qu’un écrivain français a dit une phrase particulièrement troublante. Je vois les mots se détacher en noir de la page « Chaque matin est un moment de courage » avait- il dit. Matin-courage, levé du lit difficile, sortie contraignante du monde des rêves, appréhension d’une journée. De quoi l’auteur de cette phrase a t- il le plus peur ? Pourquoi avoir besoin de courage pour attaquer une journée ?
La phrase résonne et quelque part je la comprends.
C’est tellement plus facile de rester chez soi, dans l’apathie complète, dans une auto- marginalisation sécurisante confiné dans l’espace de l’intime et du connu. La part de mystère qu’implique l’avancée du jour et du temps est effrayante. Le risque est trop grand. Le risque, d’abord, d’un danger fatal peut-être ou le risque d’une mauvaise rencontre, le risque d’une énième déception.
Beaucoup de courage pour se redresser, poser un pied devant l’autre et sortir de sa chambre, de la nuit de ses rêves.
Que de fois aurait-on préféré ne pas se réveiller ?

Marie-Hélène Salameh.

Fenêtre

J’ai de plus en plus l’impression de vivre dans l’attente. Horrible sensation qui ne me quitte pas. C’est peut être le propre de vivre dans une perspective future, de faire de l’instant présent une espérance à venir. Mais moi je deviens Pénélope, même sans Ulysse.
Assise à ma fenêtre, je guette, j’observe, je scrute. Tout et rien à la fois… Des voitures qui se bousculent, des hommes qui passent, des bruits qui s’élèvent, de la fumée noire d’usines qui expirent au loin. Pénélope à sa fenêtre, qui vit dans l’attente d’un évènement qui pourrait faire basculer sa routine.
La vie n’est plus qu’une salle d’attente, une transition vers un espace inconnu et tellement attendu que nous vivons constamment dans l’impatience.

Marie-Hélène Salameh.

mardi 24 mars 2009

Mémoire photographique

Consigne: Les mots à l'aveugle. Par deux, chacun ferme les yeux et se laisse guider par l'autre qui lui indique quand et combien de temps il peut les ouvrir pour s'imprégner de ce qu'il voit.

Photographie. Signe de vie. Passage du temps.
Une branche. Un bourgeon? non, pas de bourgeon.
Du contraste. Une porte. Une fenêtre. Une vue sur un jardin. Un avant-plan.
Top. Top. Top. Top.
Top lumière. Lumière éclaboussante surprenante. Il fait doux. Il fait tendre. J'aimerais être aveugle pour me faire guider. Qu'il est doux de faire confiance et de se laisser aller aveuglément. J'aimerais perdre la vue un moment, rien que pour mieux voir par la suite. Voir. Un miracle biologique. Une rétine qui imprime des couleurs et des formes.
Un soleil radieux. Je devrais refaire l'expérience un jour de pluie. Un jour où ça sent la terre. Effluves humides.
Du blanc. Du vert. Des carreaux. Des pointes métalliques.
-"Assieds-toi". Avec une légère poussée vers le bas. Pas autoritaire. Douce.
Top. Déferlement. Profondeur de champ. J'aurais tellement voulu graver ce moment, cette vision dans ma mémoire. C'est l'obsession des photographes je pense. Je les comprends mieux. Nous ne faisons peut-être pas assez d'efforts pour nous mettre à leur place et tenter de ressentir le moment vécu face à leurs images. Pourront-ils capter des moments et y joindre l'émotion qu'ils ont ressentie. Nous le sentons parfois. L'émotion qui se dégage d'une image peut nous toucher, nous ébranler, mais elle est infime par rapport à ce que, eux, ont ressenti. Ont-ils vraiment ressenti quelquechose? Ou bien la photographie se mécanise-t-elle? Se refroidit-elle?
Je voudrais avoir une mémoire photographique. Plus encore qu'une mémoire visuelle.
Je n'ai jamais eu autant envie d'imprimer un moment, une voix, une chaleur, un toucher dans ma mémoire.

vendredi 20 mars 2009

Vincent Moroni

Consigne: Écrire à partir des tarots. Chacun apporte une interprétation personnelle des images du tarot.


Je suis malade.
Grippe.
39 de fièvre depuis trois jours.
Collé au lit, vu que je n'arrive pas vraiment à me lever.
J'alterne bouquins, tisanes, ordinateur portable en équilibre sur les genoux, Panadols et télévision.
La télé, National Geographic. Un spécial weekend sur la renaissance et l'Art Italien.
Je somnolais à moitié devant une représentation du Christ en croix sur une montagne. Bizarre. Je n'avais jamais vu cette oeuvre. J'avais beau fouiller dans ma mémoire d'historien de l'art. Rien. Aucun souvenir ne surgissait. Aucune représentation de Christ-crucifié-mais-sans-croix-sur-une-montagne-en-apesanteur. Le documentaire précisait que c'était une découverte récente attribuée au peintre florentin Masaccio.
Je me redressais sur mes coussins. Masaccio avait une vingtaine d'oeuvres à son actif. Il avait vécu 27 ans en tout et pour tout. Je ne voyais pas du tout quand est-ce qu'il aurait pu, durant sa courte existence, peindre cette chose qui contredisait la plupart des caractéristiques de son art.
Bizarre. Le documentaire interviewait un certain Vincent Moroni, un collègue américain réputé pour ses théories farfelues, rejetées par trois centres de recherche en art et histoire de l'art et des civilisations aux Etats-Unis. Ils avaient apparemment omis cette précision dans le documentaire.
-"Il se recycle en science de la connerie et de la recherche en désinformation" pensai-je.
J'étais outré par l'aplomb qu'il y mettait. S'attribuer une "unique discovery that will change our perception over the art of the 15th century". Décidément ces américains, ils sont fort en phrasé dramatique.
J'étais choqué par la diffusion d'une émission pareille! Non mais, ça va pas! Je ne m'expliquais pas comment est-ce qu'une chaîne télévisée, à la ligne éditoriale réputée pour sa qualité, pouvait diffuser une merde pareille!
Moroni parlait avec emphase de "dreamt vision of the crucifixion". Il prétendait détenir le panneau central d'un triptyque en émail peint. Le documentaire montrait des réflectographies infrarouges de la pièce, des gros plans sur certaines taches sombres qui, soit-disant, dataient de 1425. Le tout n'avait rien de l'émail peint, n'avait rien d'un triptyque et rien d'une oeuvre datant du 15ème siècle ! Hallucinant. Personne n'avait-il vérifié ses dires avant de lui consacrer un documentaire qui m'avait tout l'air d'un spoof très bien fait?
Eberlué, les yeux en soucoupe, je voyais défiler un résumé de la vie et de l'oeuvre de Masaccio, joué par de mauvais acteurs, habillés de fausses références vestimentaires d'époque, le tout ponctué de commentaires à la noix: "amazing", "unforeseen", "revolutionary", ou bien encore "greatest discovery of our time".
Ridicule.

lundi 16 mars 2009

Consigne : A toute allure. Chacun à son tour lance un mot à vois haute. Tout le monde écrit le plus
vite possible à partir de ce mot.


Ma blouse est verte comme une pomme rouge sang
Gaillard tu ne sais rien
Le calme est beau
J’aime quand le sucre dégouline sur ma tasse
Je n’ai plus d’idées noires
Mais des verres remplis de mégots de cigarettes
Quand le soir il fait bleu j’aime me promener
Faisant fondre un chocolat amer sur ma langue éblouie
Le paysage est comme coloré au pinceau d’un peintre triste
Le vase se casse et les boules tombent par terre milles sons et couleurs
Des couleurs pleines de vie qui giclent de partout
Un bois est triste sans couleurs et sans vie
Marcher marcher marcher des kilomètres à pieds
J’ai les sandales trouées comme un gruyère mais elles restent jolies et mes doigts de pieds aussi
La musique est douce et apaisante
L’enfant se calme après une journée de jeux dans le sable et la crasse sous ses ongles n’est pas hygiénique mais il dort
J’enlève alors la poussière sur l’étagère et je range les boites une a une
Ma journée fini à la fenêtre je regarde le ciel

dimanche 15 mars 2009

Prévisions

Consigne: La liste des 8. Chacun place 8 mots au choix dans un bocal. Chaque bocal indique une catégorie de mots: Noms communs; adjectifs, verbes, indicateurs temporels, indicateurs spatiaux, lettre commençant par..., etc.
Chacun écrit un texte à partir de ces mots tirés au hasard dans chaque bocal.

Le jour de ma naissance, mon père, un solide gaillard d'un mètre quatre-vingts, faisait des tours dans la salle d'attente, écrasant cigarette sur cigarette dans un cendrier déjà plein. Il entendait le cui-cui des oiseaux dehors. Cet hôpital était entouré d'un grand jardin.
Il calculait mentalement combien de crédits il devra mettre en branle pour me nourrir, m'assurer une vie décente et une éducation correcte. Combien de caprices il devra me passer. Combien de démentis il devra signer pour me tirer d'affaire dans le cas où je serais un enfant à problèmes. Combien de fugues je ferai. Combien de voitures j'enverrai à la casse... Et il n'avait pas tort.