jeudi 9 juillet 2009

Entre ciel et terre

Pourquoi le monde est sans amour?
Parce qu'on fait toujours tout comme il faut
Pourquoi l'absence de technique nous donne le vertige?
Parce qu'il faut tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler
Pourquoi le ciel est bleu?
Parce que quand il pleut, je pleure
Pourquoi le chemin est très loin?
Parce que le ciel est ciel et la terre est terre
Pourquoi demain?
Parce que j'ai dit parce que.

Chaise longue

Pour le premier non. Tu penses quoi du second?
Ici et maintenant
Elle s'abandonna sur la chaise longue
Et il tourne en rond
Tu attends qui toi?Tu te demandes qui tu attends?
Un jour viendras le temps où tu écouteras
A l'aube du crépuscule, il s'endormit
Arrêtez! Il est trop tôt.

Soupire

Voilà du petit n'importe quoi
Ça va être surprenant, agréablement surprenant
J'ai l'impression de rêver
Les enfants jouaient dans la cour
Comment? Expliquez-leur!
Je soupire. Oui, je ne vais rien dire.
J'entends des aboiements de chiens
La feuille était blanche
Et c'était beau. Très beau.

Mélusine 2

Mélusine
Mélange de
Médisance et de
Mépris, tu te
Métamorphoses en
Mégère
Méchante et
Méconnue. J'en suis
Mécontent et
Mélancolique

Mais où es-tu ma
Mémorable
Mélusine? Si par
Mégarde tu t'es égarée, que tu es soudain de
Mèche avec le diable, donne moi au moins une dernière fois cette
Mélodie
Meilleure qui me
Médicamente dans
Mes
Méandres.

Mélusine

Mélusine arrête de me baratiner ainsi
Ta tête en l'air jusqu'à la lune
Me tient. Je le sais dès que mon coeur pâlit

Mélusine ma capricieuse, détends un peu tes filets
A part dans ce pays de dunes
Je n'ai nul part où aller

Mélusine est-ce ma peur de toi qui réveille
Les ligaments gluants de ta superstition?
Car je ne peux croire que ma merveille
Se transforme ainsi en démon

Mélusine généreuse, Mélusine lumineuse
Farouche aussi, jalouse aussi
Mais Mélusine vénéneuse...
Jamais!

Alors

Arrête Mélusine je te prie
De me baratiner ainsi
J'en suis tout étourdi
Réponds au moins, avant que mon coeur ne se brise.

jeudi 2 juillet 2009

Rien ne manque

«Je suis jeune riche et cultivé et je suis malheureux névrosé et seul »
Je ne comprends pas, à l’avis général, il ne me manque rien.
J’ai 30ans un physique passable mais que mon sens précis de l’élégance rehausse agréablement.
Mes parents ont refait leur vie chacun de son côté et pour compenser leur absences, ils se sont exercés à alimenter mes comptes bancaires.
L’unique conseil qu’ils s’étaient entendus de me donner communément est cette phrase qui revient comme un leitmotiv que ça soit par la voix grave de mon père ou par celle fluette de ma mère « la culture est ce qui reste quand on a tout perdu »
Sans le savoir ils m’ont inculqué une hantise de la faillite, de la ruine, de la déchéance.
Alors pour surmonter ma phobie, j’ai prolongé mes études tant et si bien que je suis déjà agrégé de philosophie. J’ai même dans mon obsession de l’appropriation, une collection de diamants ramenés de mes voyages archéologiques en Afrique… Je me dis que les pierres précieuses sont des valeurs sûres plus sûres que la monnaie qui, elle risque d’être dévaluée… Alors j’emmagasine quelques carats cachés dans un coffre que je cèderai probablement à mes enfants…enfin si j’en ai.
Cela peut vous sembler « métro sexuel » … le terme est à la mode dernièrement parait-il… mais dans ma salle de bains j’ai fait installer une vitrine où j’expose ma panoplie de flacons de parfums. L’idée qu’un beau coffret renferme une senteur agréable me fascine...J’aime cette mise en abyme du beau, de l’esthétique, cet effort d’embellir et la forme et l’essence.
Enfin, tout a commencé quand Estelle en quittant a laissé « trésor »…Ce parfum …Son parfum témoin de notre bonheur et notre amour et enfin de son départ… Alors pour ne pas laisser « trésor » l’âme en peine j’y ai ajouté Boucheron et Lalique.
J’admets que tout cela peut paraître original…à fortiori de la part d’un homme mais il faut bien que j’ai un faible pour quelque chose à défaut de l’avoir pour quelqu’un…
Quelqu’un …quelqu’un comme Estelle…Estelle l’ex femme de ma vie.
Le divorce de mes parents au lieu d’anéantir toutes mes conceptions au sujet de l’engagement n’a fait que les renforcer et, alors, au bout de deux ans de relation passionnelle avec Estelle, je m’accroupis, la bague à la main, le poids sur le genou, les yeux suppliants…Je voulais que l’on s’unisse par les liens sacrés du mariage. Mais à ma demande, elle a répondu par l’autre terme à la mode, le PACS.
Estelle pouvait se montrer très romantique, en effet. J’ai refusé le fameux PACS et elle partie.
Alors, me voilà, seul avec mes objets, mes manies de vieux garçon. Sur ma tête, la couronne de l’homme blasé, couronne si lourde que dans ma solitude j’ai souvent la migraine.
Il est loin le temps de la fraicheur des sorties en été, lorsqu’Estelle dansait sur des rythmes légers, ou le calme des journées en montagne à regarder l’étendue de neige par la fenêtre dans la chaleur humide de la cheminée. Aujourd’hui j’étouffe sous l’air conditionné, j’ai soif devant mes bouteilles de single malt.
J’ai envie de partir dans un autodafé emportant avec moi mes diamants africains, mes flacons périmés et mes costumes signés.

Tête en l'air

La vie de Julien
Mars 2009

Julien est tête en l’air.
Il craint de se perdre, de perdre ses clés, comme il en a l’habitude, d’arriver en retard… Il a donc pris le pli de courir vers la douche dès le lever du jour puis de porter les habits choisis et pliés la veille, avant de courir pour attraper un taxi au croisement des chemins sous son immeuble.
Dans l’auto jaune qui le conduit à son travail, il voit défiler, chaque matin le même paysage. Celui de la frénésie matinale. Ici, dans la métropole, on croise de tout dès l’aube. C’est un melting pot de gens et de situations. Julien s’intéresse beaucoup à ces individus qui arpentent les rues à pied. Ils savent eux gérer leur temps. Voilà son voisin Youssef qui a décidé que d’ici 2013 tout le monde devra marcher ou utiliser des moyens de transport non-polluants, Il a peut être raison, Youssef. Le regard de Julien fixe le jeune homme paralysé qui traverse la route à l’arrêt. Julien pense à sa douleur, à la difficulté de l’existence, à son handicap. Mais il a beau chercher en scrutant à l’arrière de la fenêtre du taxi jaune, le jeune homme sur sa chaise a l’air très épanoui, heureux de vivre. Et d’un seul coup il se sent égoïste, idiot, ingrat des atouts qu’il a et qu’il méprise. Dans cette trajectoire en damiers qui semble s’éterniser, il entrevoit l’enceinte bleue et rouge de son restaurant préféré. La dernière fois quand il y était, il avait croisé son premier amour, Mia, qui en le saluant lui avait susurré très tard le soir, « je t’attends » la phrase résonne encore mais son écho se fait toujours attendre.
Le voilà arrivé à cette entreprise multinationale au chiffre d’affaire colossal. Il y passe l’essentiel de ces jours, des heures du jour, celle de la semaine, celle du mois. Pourtant, rien n’y fait, il ne se sent toujours pas dans son élément, il n’a aucun sentiment d’appartenance à cet univers au capitalisme insatiable. Le PDG est le prototype du nouveau-riche, évidement de droite pour mieux donner raison à l’ancienneté de sa position sociale. Fouad Bourvil ou Bourdonvil comme le surnomme les employés de la boite, a coutume d’imposer ces caprices en dernière minute et de façon draconienne, puis il se place en avant-scène des projets comme si qu’il en avait la tête pensante. Avec le nombre d’années passées dans cette entreprise, Big Boss restera toujours aussi antipathique et incolore qu’il ne lui a semblé le jour de son entretien d’embauche.
A la réception, Leila, accueillante et souriante dans ce monde où seul le pouvoir et l’argent sont de rigueur. Aujourd’hui elle complimente Julien sur son pardessus marron et s’esclaffe quand, en parfait gentleman, il lui retourne les compliments.
Deux heures se sont écoulées depuis le lever de son lit moelleux à six heures du matin, quelques heures le séparent de la cuite de la veille et Julien a encore du mal à s’adapter.
Alors, il se concentre, observe soigneusement le chemin qui le mène à l’ascenseur qui le conduira chez Fouad, le PDG imbu de lui-même. Huit dalles qui le mènent à un meeting qu’il appréhende. C’est l’heure de la récapitulation, l’heure du jugement dernier, celle qui vient apporter la décision des Uppers sur le long et périlleux travail du staff dont Julien est le responsable. Trois mois qu’ils travaillent ensemble sur ce projet, trois mois à créer une firme de A à Z, d’étudier des contrats stipulant dans la forme des droits et dans le fond, une plus-value. Il a dû boire hier soir avec les collègues pour déstresser. Mais 8h30 sonne le glas d’une insouciance artificielle. C’est l’heure du verdict…La douce Leila prend des allures de cerbère et l’ascenseur devient un entonnoir vers l’enfer. Il frémit à l’idée de se retrouver dans la même salle que cet individu pompeux qui ne le considère que comme un outil d’exploitation. Le voilà arrivé dans ce bureau ovale aux allures d’amphithéâtre. Bourdonvil trône dans son fauteuil en cuir noir, la fumée de son cigare cubain imposant un brouillard dans la pièce, et le regard dans un hors champs…Julien est debout mais il ne le voit pas… il lui parle sans vraiment lui parler…le ton de sa voix est saccadé comme des touches sur un clavier. Il trouve à redire, c’est jamais parfait avec Bourdonvil, d’où son autre trait de caractère la prévisibilité.
Julien est debout, mais il a l’impression oppressante d’être à plat ventre, de n’être plus que le vassal victime des caprices de son maître et il a le sentiment aliénant de ne plus être…
Pendant que BigBoss marmonne ses reproches sur un ton condescendant… Julien rêve :
Il s’imagine plein de fougue, il se voit rebelle, il s’entend crier si fort qu’il fera sursauter ce gros tas laxiste de sur son trône, il a une envie folle de lui arracher ce cigare de ses doigts dodus et de lui briser ce symbole phallique asphyxiant, de s’agiter le poing levé, de manifester son mécontentement, de présenter sa démission en claquant la porte si brusquement que tout les employés de la boite se rappelleront de la révolte de Julien.
Oui…mais aujourd’hui il ne fera rien hormis le fait de satisfaire son supérieur et de recommencer son travail demain peut-être qu’il concrétisera son rêve de rébellion…oui, demain il aura du cran.

Gemmeyzeh

c'est dans un vieux quartier d'habitatons que s'est nichée la vie nocturne libanaise. Toutefois, le monde de la nuit comme celui du jour est tout en ébullition constamment sur tout le long de cette route.
Une ligne droite caractérise Gemaysé sauf que cette droite est parsemée chaque quelques mètres de portes...l'aspect de la porte détermine le style du bar, parce qu'ici les bars sont partout. A cette atmosphère légère, l'on retrouve d'autres endroits qui de par leur juxtaposition aux lieux festifs en deviennent anachroniques...
Comme ce fruitier/légumier qui étale sa marchandise à même le trottoir
Comme cette pépiniaire où l'on trouve des serpents et des écureuils
Comme cet immeuble qui porte encore l'empreinte d'un long conflit sans pour autant renoncer à recevoire au rez de chaussée la génération de l'après guerre
et ces bidons d'huile qui servent à reserver une éventuelle place de parking...
les habitands qui arpentent cette rue avec assurance sont les uns plus différents que les autres, du moins le jour
Le buisnesman en costard cravate toise de son regard le boutiquier débonnaire
Un homme en marcel appelle la vieille sur son balcon
un touriste, l'air hagard, tente de comprendre ce qui se passe alors que le petit garçon à byciclette vient de le percuter.
Une multitude éparse, des générations qui se confondent, des contraires qui se mêlent, du prolétaire au loup des affaires, tous rentrent et sortent par ces portes d'immeubles ou de bars dans cette rue où tout se passe sur le trottoir.

mardi 23 juin 2009

Zoro and the Damsel

NO! ZORO! I LOVE YOU! Please! Please don’t leave me! I have waited my whole life, my whole questionable existence for this day! For this moment to be face to face with you! To be the attractive damsel in distress you’ve been waiting for! Why won’t you stay safely here by my side? I promise I will do as you please. I will bombard you with excitement, with basic aphrodisiastic sex, and keep you up all night wishing you’d met me way, way sooner! If you leave now, Samson will come looking for you, and when he doesn’t find you, he’ll strangle ME! He’ll throttle me! He’ll squeeze the air out of me and I’ll be dead! ME! DEAD! You’ll be responsible for my demise, you treacherous killer! You’ll undeniably be the sole reason I’m dead. And then my Uncle Frank will have YOUR head! You’ll be beheaded in front of the county jailhouse. And then we’ll se who’s walking away! We’ll see if J.R. Junior was worth it after all. You think you’ll hunt J.R. cross the country? You think you’ll be able to hunt him cross nine states, two oceans and a desert?! You won’t! I promise you, you won’t, so please! PLEASE DON’T LEAVE! Stay here with me, my little angel Zoro! Please! I love you!

 

Le rêve de Sarah

C’est une histoire vraie. Mon père c’est Julio de Pandorah. Il était à l’époque manager du restaurant La chandelle intime. Au moment de cette histoire, mon grand frère, c’est le grand patron Hercules de Pandorah, il avait pris le contrôle de tous les biens de mon père. Nous vivions tous les trois à Los Angeles. La déprime de mon père lui poussait à tourmenter et harceler des petites filles de mon âge. Moi, Sarah de Pandorah, la sœur cadette d’Hercules de Pandorah, je n’avais encore que 12 ans. Je rêvais d’être chanteuse. Je rêvais comme toutes mes petites copines d’avoir un téléphone portable, de m’installer un jour à Hawaii, de devenir une bomba latina aux lèvres pulpeuses, au nez refait, et à la coupe de cheveux à faire fondre les hommes. Un jour, lorsque mon père complotait la torture d’une de mes petites copines, terrifiée je me suis installée devant la porte de notre maison et je me suis mise à chanter au grand jour. Je souhaitais désespérément avoir l’attention de la paparazzi, d’un photographe, de n’importe qui ! J’étais sure que c’était le seul moyen de réaliser mes projets. J’étais la ‘girl next door’, la bomba latina, qui allait percer, qui allait voir les spots d’un grand théâtre, et qui allait enfin connaître une renommée internationale !

Fatima et la bête

Pièce de théâtre moderne en trois actes inspirée du récit d’Othello de Shakespeare. Dion, un lieutenant de la marine française, établi en Martinique depuis un mois, fait la rencontre de la belle Fatima, archéologue et anthropologue Turque. Leurs vies se croisent, leurs destins s’entremêlent, et Dion, aveuglé et déstabilisé par son amour pour Fatima, commet une faute irréversible qui les mène tous deux à leurs défaites.

Extrait du texte 

Dion : Pourquoi ? Je t’en supplie, dis-le moi ! Pourquoi tu es venue ici?

Fatima : (l’ignorant) Le soleil est irrésistible, tu ne trouves pas ? Ce coucher de soleil le long de l’horizon, avec cet océan et ses couleurs bleuâtres et roses, c’est vraiment un rêve tu sais !

(un silence)

Quand j’étais dans l’avion entre Istanbul et Trinidad, je m’imaginais au bord de l’eau quelque part, avec un verre dans la main, un martini, comme celui-ci, et je rêvais d’être dans la présence d’un grand homme, un homme de bonne situation, quelqu’un d’intelligent et de beau, de musclé, un homme avec la peau rugueuse et noircie par le soleil, o ! ta peau…si sombre et enivrante…je pourrais l’aspirer ! je pourrais la croquer…

(un silence)

Pourquoi ? Tu me demandes pourquoi être venu jusqu’ici avec une seule valise à la main ? Et bien je vais enfin te le dire, mais… Mais il faut que tu me promettes de ne rien dire. Tu dois garder mon secret. Tu dois jurer de ne rien dire, d’accord ?

 Dion : Je te le jure.

 Fatima : Je risque la prison, tu sais...

 Dion : Mais –

 Fatima : (elle couvre sa bouche d’un geste vif) Shhttttt… Écoute-moi, s’il te plait !…C’est un samedi, à Istanbul, dans mon quartier de Galata. Je sors de l’immeuble de mon père pour entamer mes courses du samedi. Cela fait déjà un an que mon pauvre mari imbécile, Alphonse, m’a plaqué pour une autre… Une pauvre pute russe qu’il a rencontré dans une boîte de nuit…me laissant la responsabilité de nos six enfants : trois des siens d’un autre mariage, deux des miens de mon premier mariage avec mon mari chéri Nabil,  il est décédé et que Dieu le protège, Inshallah !... et la petite Cynthia, le fruit sacré de notre liaison nuptuale…

 Dion : (va pour l’interrompre) Je –

 Fatima : S’il te plait ! Ne me coupe pas la parole ! J’ai horreur de ça !

 Dion : Pardon.

Fatima : Excuse moi…Parfois…J’ai…J’ai des entrains d’irritabilité…Excuse-moi…

 Dion : Ce n’est pas grave. Continue.

 Fatima : Je disais ?

 Dion : Ta fille ? Cynthia ?

 Fatima : Oui…Alors Cynthia, c’est notre fille, à Alphonse et moi. Et bien, ce samedi-là, je sors de ma maison, après une longue semaine d’enseignement, je suis fatiguée, j’en ai mare des gosses, je traîne une de ces colères…Et du coup, je laisse tomber les courses et je prends un autre chemin. Je marche. Je ne sais plus où je vais. Il est onze heure du matin quand j’arrive de l’autre côté du Bosphore, devant la mosquée bleue, et je ne sais pas ce qui me prend. C’est comme si mon corps est habité d’un autre esprit, comme si je plane en dehors de moi-même. Je me vois rentrer dans la mosquée. Je vais du côté des femmes, je choisis une femme au hasard qui prie toute seule, j’attends qu’elle finisse, et je la suis jusqu’à sa voiture. Ensuite je me mets à pleurer, à me tourmenter, lui demandant son aide. Je fais une grosse scène et je baratine une histoire sans fin, et elle fini par me faire monter dans sa voiture. Elle me ramène dans une vieille maison abandonnée que je lui fais croire est la mienne, et là, je l’oblige à boire une bouteille d’eau remplie de somnifères. Je ne sais pas ce qui me prend ! Je ne sais même pas comment les somnifères finissent dans mon sac ! Et ce que je fais ensuite…C’est horrible ! Je lui arrache les vêtements, je lui vole son sac, je prends tout, ses bijoux, sa montre… Et je m’enfuis ! Je la laisse à poil au fond de cette maison pourrie, endormie, peut-être même mourante, comme un cadavre abandonné par son prédateur. À la maison…En voyant les yeux curieux de ma petite Cynthia…C’est comme si je me réveille, comme un somnambule, je me réveille…Et je comprends ce que je viens de faire. C’est comme une lame qui transperce mon ventre. Je suis inondée d’un sentiment de remords et de culpabilité. Et je panique ! Je prends la petite Cynthia par la main, je la dépose chez son grand-père, et je pars toute suite à l’aéroport. Je prends le premier vol disponible, c’est pour Trinidad, je prends le bateau jusqu’en Martinique et me voici maintenant, travaillant à L’Hôtel des Couronnes Anglaises. Je suis tout à fait rongée de remords ! Je ne peux plus endurer cette pesanteur! Il n’y a que ta peau et ton odeur qui me réconforte et me donne espoir ! O Dion ! S’il te plait ! Serre-moi contre toi ! Serre-moi contre ton corps luisant et chaud, emporte-moi ailleurs…Donne-moi un deuxième souffle ! Une deuxième chance ! Sinon je meure !...

 

dimanche 14 juin 2009

Construction

(Nathalie R. / Marie-Hélène / Mia)


Audrey
, fraîche comme une jacinthe, Ce réveille ce matin du six janvier de sa fatigue de la veille. Elle s'en va vers le jardin, munie de son crayon et de son marteau. "Je vais reconstruire la nature", m'avait-elle dit.

Je lui demandais ce qu'elle espérait entreprendre avec un crayon et un marteau. Elle me répondit qu'elle avait vu les constructions de bâtiment à la télé se faire ainsi. Je maudissais intérieurement la télé et entrepris de lui expliquer ce qu'on peut faire avec une pelle et un arrosoir, le sourire aux lèvres tout de même après cette joyeuse erreur enfantine.

Mais Audrey était comme ca. Artiste ambitieuse, peintre architecte, humaniste dans l'âme. Aujourd'hui, c'est à l'ordre qu'elle aspire. De l'ordre, entre la pierre qui mange les buissons et les plantes sauvages qui cherchent leur survie dans la pierre. Une harmonie qui dans sa vision d'esthète n'en est pas une.

Elle se dirigea donc vers le jardin, son crayon, son marteau, sa pelle et son arrosoir à la main. Elle mit un long moment avant de se décider par où elle allait commencer. Elle finit par s'accroupir devant le citronnier et se mit tout doucement à s'occuper du tronc. Pas assez lisse à son goût.

Je l'arrêtai net, lui faisant contempler la remarquable rugosité de ce tronc et son utilité. Cette précieuse matière qu'est l'écorce... L'air d'avoir compris, elle se dirigea vers le muguet pour redresser leurs têtes vers le ciel. "Stop!", criais-je. "C'est ton nez qui commence à regarder le ciel... Garde du respect pour toutes les formes quelles qu'elles soient. C'est ainsi que l'ordre des choses est. Voudrais-tu que je te reconstruise le visage autrement?".
Mon image l'a conquise. Elle reposa ses outils et me deamnda: "Dis-moi comment faire alors."



Encre

Je nuage en silence
Je pluie sur ma feuille grise
Je nervure mes esprits
Joie

Je retalque ma panse
Contemple la fleur assise
Elle est si jolie
Joie

C'est comme ça je pense
Que ma raison frise
La belle folie
Joie

Et que l'encre danse
Loin d'une balise
Toujours enfouie
En moi

Que l'encre dense
S'éternise
Longtemps encore
En moi

jeudi 11 juin 2009

Le cimetière

13h04, Cimetière du Père Lachaise
Paul referme la lourde porte en fer, s’avance d’un pas assuré vers un tombeau choisi d’instinct, une marguerite à la bouche. De son briquet, il brule la lettre d’amour qu’il a écrite la nuit dernière à cette inconnue. Il ouvre discrètement le tombeau. Il a envie de sexe. Il se soulage. Il rit. Demain il en choisira une autre.

Rêve

Cette histoire vécue mais qui n’est pas vraie, dont on se souvient et qui n’a jamais eu lieu, ce moment qui s’étend sur des heures mais qui n’a duré qu’une seconde.

Ce sentiment senti mais jamais ressenti, ce monde de tous les possibles encré dans le réel, où l’Homme est dieu et ne décide de rien.

Ces instants où l’on voyage étendu, où l’on est soi-même sans vraiment l’être, ce passé qui n’en est pas un.

C’est un rêve.

Carla Bruni

Carla Bruni Sarkozy,
Elle que toutes les femmes envient,
A qui la vie a sourit,
Jamais n’a été démunie,
Jeune et belle, bien plus que jolie.
Elle que les hommes veulent dans leur lit,
Prête à relever tous les défis
Elle a récupéré Nicolas le petit
Abandonné par Cécilia la honnie,
Et par la main elle l’a pris
Puis à l’Elysée l’a suivi.
Elle qui a vécu milles vies,
Première dame, chanteuse et égérie
De grandes marques de l’industrie
De la mode, du textile et des fantaisies.
Elle qui a fait toutes les folies
Qui a des enfants on ne sait pas de qui
Un père, un fils et pourquoi pas un Saint Esprit.
Voilà son dernier exploit inédit,
Celui que jamais je ne pensai qu’elle réussit :
Ma feuille toute noircie
Qui parle de la Bruni !

Ecrire pour moi c'est

Ecrire pour moi c’est protéger cette petite feuille innocente et sans défense, lui donner la vie à travers le souffle de mes mots, l’enlacer de mes lettres rondes, la guider au fil de mes phrases, l’emplir de la force de mes points et la laisser enfin prendre son envol dans mes accents aériens.

Ecrire pour moi c’est comme draguer la plus belle du village, cette feuille adolescente devant qui ont frimé poètes et écrivains, espérant la retenir avec leurs histoires, leurs rimes, sans jamais n’obtenir d’elle qu’idylles sans lendemain.

Ecrire pour moi c’est comme coudre une robe de soirée pour dame feuille. C’est l’habiller de couleurs, de sentiments, d’histoires, de fantaisies et de rêves. C’est enfiler l’aiguille de mon imagination à travers les mailles des mots pour lui coudre sur-mesure, le texte dans lequel je l’ai rêvée.

Ecrire pour moi c’est braver le froid des neiges éternelles qui étale peu à peu son manteau blanc sur la vielle feuille palie. C’est réchauffer son corps froid de ma chaleur du sud, de mon tempérament méditerranéen, de mon exotisme oriental, et barioler la neige des teintes ocres et chaudes de mes sentiments.

Ecrire pour moi c’est continuer alors même que la regrettée feuille est pleine de mots. C’est en trouver une autre et recommencer…

Où et comment aimeriez-vous mourir ?

Certains ont chanté la mort, d’autre l’ont écrite,
Certains sont morts dans leur lit, d’autres au combat,
Certains sont morts nés et d’autres centenaires,
Certains l’ont choisie, d’autres ne l’ont pas vu venir,
Certains ont crié, d’autres se sont tus,
Certains ont pleuré et d’autres ont souri,
Certains ont fermé les yeux, d’autres les ont ouvert,
Certains étaient assis, d’autres allongés,
Certains étaient connus, d’autres anonymes,
Certains en étaient certains et d’autres ne l’étaient pas,
Certains sont mort lentement, d’autres ont été foudroyés,
Certains c’était leur faute, d’autres celle des autres,
Certains c’était trop tôt et d’autres trop tard,
Certains étaient soulagés, d’autres étaient embêtés,
Certains c’est arrivé et d’autres c’est à venir…
Et moi ? Je veux être de ceux qui l’écriront, dans leur lit, centenaires, qui ne la verront pas venir, qui se tairont, qui souriront, qui fermeront les yeux, allongés, anonymes, qui ne seront pas certains, foudroyés, dont ce sera la faute… des autres, et ce sera trop tôt, qui seront soulagés, et pour qui c’est encore à venir.

Vous êtes un tueur professionnel. Que prenez-vous au petit déjeuner ?

Nom de code : SC
Age : 34 ans
Poids : 90kg (de muscles)
Teint : Basané
Cheveux : Noir
Yeux : Noir
Signe distinctif : Cicatrice à la main droite
Arme de prédilection : Couteau
Comme tous les jours, à 5h30 du matin, SC ouvre ses yeux noirs sur les murs blancs de sa chambre. D’un bond, il saute du lit, se dirige vers la salle de bain où il se lave le visage à l’eau claire, comme on lave un pêcheur de ses mauvaises actions, un accusé de tout soupçon. Lui n’arrive à laver que son visage, l’image de sa victime de la veille encore dans sa tête.
Une heure durant, il alterne dans sa salle de gym course et port de ferraille, pour se tenir en forme dit-il. On l’entend grogner lorsque l’effort est trop dur, souffler lorsque la course est trop longue.
A 6h45 pile, comme tous les matins, il prend un couteau, pas celui encore sale du sang de sa victime de la veille, et étale la confiture de fraises rouge sur une tranche de pain complet. Ce pain, il l’achète toutes les semaines chez le boulanger au bout de la rue qui le fait spécialement pour lui : sept sortes différentes de céréales, pas de farine, et cuisson pendant trois heures au four à bois. La confiture est envoyée toutes les deux semaines par sa mère qui la lui fait elle-même.
Il lève le bout de pain vars sa bouche comme il soulève ses victimes au moment ultime, le croque et le broie et finalement le déchiquette de ses dents comme il déchiquette ses proies de se son couteau. Le repas fini, il lave son assiette, le couteau plein de confiture ainsi que celui plein de sang avant d’enfiler ses vêtements, de prendre son couteau et de quitter sa maison, à 7h30 précises. Il se dirige vers son laboratoire, où il commet tous ses meurtres.
SC, Sylvain Cossette est chercheur en biologie cellulaire. Tous les jours il tue des souris et conduit des expériences sur leurs cellules.

Gitanes

Assise au pied d’un escalier, presque sur le trottoir, une belle gitane aux longs cheveux noirs frappait avec frénésie sur un instrument à percussions. Elle frappait fort, elle frappait vite. Le son de son instrument semblait se perdre dans l’activité incessante de la rue. Je m’arrêtai un instant et la regardai. Elle était comme en transe. Fasciné par l’énergie qu’elle dégageait je m’assis sur le trottoir opposé de la rue étroite et la détaillais. Un fichu à motifs bleus et rouges empêchait sa crinière brune de lui cacher le visage. Au haut de sa joue droite, quelques tatouages qui ressemblaient à des scarifications reliaient le visage rond à l’oreille portant deux boucles créoles et un plume violette. Sa bouche était grimée d’un rouge sang, qui, si elle n’avait pas été aussi belle, m’aurait fait penser à un vampire. Je vis que ses lèvres bougeaient, comme si elle murmurait, ou accompagnait son instrument d’une chanson. De là où j’étais, je ne pouvais pas entendre ce qu’elle disait. Ses yeux, d’un bleu si pale que je me demandai si elle était aveugle, étaient soulignés de noir. Son regard était fixé sur ses mains qui battaient le cuir usé mais mélodieux de son instrument. Le caisson rouge vif de l’instrument était coincé entre deux jambes cachées par une grande robe aux multiples motifs bleus sur fond violacé.

Tout à coup, elle se mit à frapper plus fort. J’étais ébahi par son énergie et la fixai du regard. Une foule de personnes passa dans la rue entre nous et je la perdis de vue un bref instant. Quand elle réapparut, le son de son instrument avait repris son intensité habituelle. Peu à peu, elle accéléra le rythme, et deux enfants passèrent en courant. Plus le rythme accélérait, plus j’avais l’impression que les enfants courraient vite. Quelle coïncidence… Mais en était-ce vraiment une ? L’idée m’effraya et je l’éloignai aussitôt de mon esprit. Je regardai tout de même la gitane l’air interrogateur. Elle ne leva pas la tête, occupée à jouer de son instrument et à murmurer, mais un instant, j’eus l’impression qu’elle me souriait. Elle frappa à nouveau quelques coups accélérés, et une femme qui poursuivait son mari, une casserole de cuivre à la main traversa la rue à toute vitesse.

Je ne m’étais pas fait d’idée. C’est à ce moment que je me rendis compte que les murmures de la femme emplissaient mes oreilles. Elle prononçait des paroles incompréhensibles, comme une langue venue de l’autre bout du monde, à laquelle je ne comprenais rien mais qui semblait si belle, si mélodieuse à mes oreilles. Elle n’était pas gitane mais sorcière, et pour moi, il était trop tard. J’étais déjà sous le charme. A ses paroles envoutantes, vient s’ajouter la musique d’un instrument à cordes. Je levai les yeux et vis que derrière la gitane, se tenait une autre femme, jouant d’un instrument qui, sans être une guitare, y ressemblait fortement. Sa chevelure rousse flamboyante, soutenue par une pince couleur argent, était relevée plus haut que ses épaules dénudées. Seules quelques mèches échappées de la masse de feu chatouillaient le haut de sa poitrine cachée par un bustier aux différents tons orangers. Une jupe bleue nuit paraissait prendre racine dans l’instrument ocre pour descendre jusqu’au sol en formant de multiples plis. Son visage, bien moins maquillé que celui de la gitane assise à ses pieds, avait l’air bien plus jeune. Un peu de rose sur ses lèvres, du bleu clair sur ses paupières pour souligner le vert de ses yeux suffisaient à la rendre éblouissante. Dans mon émoi, je remarquai qu’elle possédait les mêmes tatouages que l’autre gitane, sur le haut de sa joue droite. L’ombre des nuages qui défilaient au rythme des cordes pincées faisait briller en un jeu d’ombres chinoises les multiples bagues autour de ses doigts. Incapable de bouger, je ne savais plus où donner de la tête.

Sur le même escalier, deux marches plus haut, une troisième femme s’installa sur un tabouret et se mit à jouer de la harpe. Je ne sais plus ce que je vis en premier, la blancheur de sa cuisse ronde, dévoilée par la fente de la jupe verte, ou la candeur de son visage d’enfant, auréolé de boucles brunes. A part le pourpre de ses lèvres et les scarifications de la joue droite, rien ne venait masquer le naturel éblouissant de son visage. Son cou était enchainé de mille chaines d’or qui venaient se perdre dans la fente entre ses deux seins naissants. Elle portait une tunique ample, d’un blanc presque virginal, laissant entrevoir de temps à autre quelques bouts de chair encore rose. La jupe d’un vert pomme accrochée bien bas sur ses hanches et tombant jusqu’à ses chevilles était fendue sur presque toute la longueur, découvrant une cuisse ronde, ferme et blanche. Dès que les premières notes s’élevèrent de sa harpe dorée, un sentiment de bien-être envahit l’espace et le soleil inonda la rue toute entière.

Au milieu, à l’endroit le plus lumineux, une gitane blonde à la peau brune drapée d’un seul tissu bariolé de couleurs vives se mit à danser. Je ne vis pas son visage, caché par les mèches blondes qui virevoltaient dans tous les sens, mais devinai qu’elle devait avoir le même tatouage à la joue droite que les autres femmes. Elle semblait faire un tout avec la musique, le drap aux milles couleurs, les mèches qui s’envolaient dans tous les sens, ses pieds nus frappant le sol noir, et les bracelets de fer qui s’entrechoquaient à ses poignets. Elle se déhanchait, comme possédée par la musique. Elle était énormément belle. Je m’imaginai me lever, aller vers elle, lui prendre la main, la faire tourner, danser avec elle, mais j’étais incapable de bouger. Je fermai les yeux, et dans le noir intense, vis les quatre femmes me sourire, m’envoyer un baiser de leurs mains.

J’ouvris les yeux, elles n’étaient plus là. La musique avait disparu. Les enfants qui courraient avaient atteint la fin de la rue, la femme qui poursuivait son mari l’avait assommé de sa casserole en cuivre, et maintenant le réanimait avec de l’eau. Les piétons passaient au dessus de mon corps étendu sur le trottoir en me lançant des jurons.

L'attente

Encore une qui attend. A croire que les femmes aiment ça, attendre un appel. En tout cas, elles le font très bien. Ça commence toujours par ce regard discret, jeté sur l’écran du portable qui sommeille inexorablement. Une main tendue, un bouton appuyé et le portable se réveille pour réaffirmer ce que tout le monde savait déjà : personne n’a appelé. Dans sa tête, milles scénarios prennent forme. Certains comportent même des enlèvements par des extra-terrestres ou des radiations radioactives d’Hiroshima. Mais évidement, il est tellement irrésistible, cet homme qui devait appeler, qu’il a réussi à attirer les extra-terrestres et les radiations en même temps. Elle questionne à nouveau le téléphone. « Toujours rien », répond-t-il, et il reçoit une insulte en guise de remerciement. Le temps passe. Elle s’énerve. Elle s’en prend à ses ongles, à la table, et finalement, au téléphone qui s’en va valser dans le décor. « Voilà, comme ça il ne pourra plus appeler ! ».
Mais de son coté, lui ne le saura jamais, puisque pas une fois, il n’essayera de l’appeler.