mardi 24 mars 2009

Mémoire photographique

Consigne: Les mots à l'aveugle. Par deux, chacun ferme les yeux et se laisse guider par l'autre qui lui indique quand et combien de temps il peut les ouvrir pour s'imprégner de ce qu'il voit.

Photographie. Signe de vie. Passage du temps.
Une branche. Un bourgeon? non, pas de bourgeon.
Du contraste. Une porte. Une fenêtre. Une vue sur un jardin. Un avant-plan.
Top. Top. Top. Top.
Top lumière. Lumière éclaboussante surprenante. Il fait doux. Il fait tendre. J'aimerais être aveugle pour me faire guider. Qu'il est doux de faire confiance et de se laisser aller aveuglément. J'aimerais perdre la vue un moment, rien que pour mieux voir par la suite. Voir. Un miracle biologique. Une rétine qui imprime des couleurs et des formes.
Un soleil radieux. Je devrais refaire l'expérience un jour de pluie. Un jour où ça sent la terre. Effluves humides.
Du blanc. Du vert. Des carreaux. Des pointes métalliques.
-"Assieds-toi". Avec une légère poussée vers le bas. Pas autoritaire. Douce.
Top. Déferlement. Profondeur de champ. J'aurais tellement voulu graver ce moment, cette vision dans ma mémoire. C'est l'obsession des photographes je pense. Je les comprends mieux. Nous ne faisons peut-être pas assez d'efforts pour nous mettre à leur place et tenter de ressentir le moment vécu face à leurs images. Pourront-ils capter des moments et y joindre l'émotion qu'ils ont ressentie. Nous le sentons parfois. L'émotion qui se dégage d'une image peut nous toucher, nous ébranler, mais elle est infime par rapport à ce que, eux, ont ressenti. Ont-ils vraiment ressenti quelquechose? Ou bien la photographie se mécanise-t-elle? Se refroidit-elle?
Je voudrais avoir une mémoire photographique. Plus encore qu'une mémoire visuelle.
Je n'ai jamais eu autant envie d'imprimer un moment, une voix, une chaleur, un toucher dans ma mémoire.

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