jeudi 11 juin 2009

Le café

Je me lève, quitte ce lit chaut où, il y a à peine quelques heures, nous nous aimions passionnément. La chaleur de ton corps, l’odeur de ta peau, même le son des mots que tu me chuchotais tendrement sont encore retenus, pour un petit moment, par les draps. Je regarde le lit défait. Il me sourit, me nargue. Dans ces draps bleu ciel, tout ce que je vois est ton absence. Le souvenir de toi qui s’éloigne déjà m’entraine vers la cuisine. Peut-être y as-tu oublié quelque chose ? Une montre, une boucle d’oreille…

La minuscule cuisine de cinq mètres carrés à peine, remplie de placards et d’ustensiles au milieu desquels on peut à peine se mouvoir est vide. Vide de toi, vide de ces bijoux que tu as portés ce matin, prenant bien soin de ne me laisser de cette nuit passée ensembles qu’un souvenir immatériel qui s’effacera peu à peu de ma mémoire, la laissant vide, vide comme la cuisine dans laquelle je me tiens. Pas même un mot pour dire merci, ou une tasse de café dans l’évier, preuve que je n’ai pas rêvé. Rien.
La cafetière siffle, et je me dis que j’aurais aimé que tu sois resté. J’aurais voulu entendre tes mots sucrés couler dans mon café, ce café qui brule pendant que la cafetière siffle et que je pense à toi. Ais-je rêvé ? La cafetière siffle. Oui ? Non ? Le café brûle. Le vent souffle, la cafetière siffle, je pense à toi, le vent souffle, le café brûle, la fenêtre claque.

Je reprends mes esprits. Je suis là, sur mon lit. Tu entres dans la chambre, le café à la main. Tu es là, tu n’es pas parti. Tu me tends le café, ce café fait dans la cafetière qui sifflait, mais qui, lui, n’a pas brûlé !

Justice

Dans notre monde, nous parlons souvent de justice. Justice des Hommes, des états, cour de justice et même justice divine. Mais laissez moi vous raconter d’où nous vient ce mot, cette notion, cette valeur.

Il y a bien longtemps, un peuple qui aujourd’hui n’a plus de nom, de lieu ni même de date d’existence, un peuple oublié, vénérait, parmi ses nombreux dieux, la déesse Justice. Justice était princesse chez les dieux. Fille de Suprême, le roi des dieux, elle avait un frère et une sœur, Courage et Noblesse. Justice était belle, jeune et, même s’il lui était arrivé de sévir, de tuer même quelques fois, elle avait encore le cœur pur. Elle venait d’un monde où les idées, ce que nous appelons aujourd’hui les valeurs, étaient absolues et elle ne comprenait pas pourquoi le sol sur lequel elle marchait était tantôt noir, tantôt blanc. Elle n’aimait pas les zones noires. Dès qu’elle s’y trouvait, l’animal en elle se réveillait, elle brandissait son épée et prise de fureurs, donnait des coups, blessant ou tuant les âmes qui s’y trouvaient. Les zones blanches étaient, par contre, bien plus agréables. Elle y aidait les méritants et s’y plaisait bien.
De temps en temps, son épée glissant de sa main tombait, écorchant au passage quelques âmes « innocentes » et sa robe blanche se tachait d’un peu de gris, ce qui la mettait fort en gène lorsqu’elle se rendait à la cour de son père.

Justice aimait la cour Suprême. Le sol y était tout blanc et les dieux qu’elle rencontrait étaient pleins de qualités. Elle recevait souvent des compliments à propos du travail accompli (bien qu’elle ne considérait aucunement qu’elle accomplissait un quelconque travail), ou de son accoutrement. Celui-ci était assez simple : une robe blanche, de temps en temps tachetée de gris, une épée qui ne quittait pas sa main droite, une balance lui servant à peser le pour et le contre dans sa main gauche et une coiffe trônant sur sa tête. Elle n’aimait pas beaucoup sa coiffe. Elle était lourde et manquait de beauté. Justice n’avait jamais osé l’enlever, depuis ce jour où, à la nuit des temps, son père l’avait faite princesse en prononçant les mots suivants, gravés à jamais dans sa mémoire :
« Justice ton nom sera
L’épée juste tu porteras
D’une balance tu pèseras
De la guerrière, la coiffe tu ne quitteras
Avec conscience ta tâche tu accompliras. »
Ces mots restaient un mystère pour Justice. Guerrière ? Tâche ? … Mais cela faisait bien longtemps qu’elle avait cessé de se poser ces questions.

Les temps passèrent et le peuple sans nom tomba dans l’oubli. Justice continuait sa vie sans se rendre compte que les dieux changeaient. Ra et ses dieux à tête d’animaux combattirent le dieu unique d’Akhenaton, Zeus et ses semblables se battirent contre les Géants, Jupiter courtisa Vénus, au dieu de Moïse s’ajouta celui de Jésus suivi de celui de Mahomet, Allah, chacun d’eux s’accoquinant de temps en temps avec Bouddha et ses semblables.

Sans qu’elle ne se rende compte, Justice se retrouva un jour les yeux bandés. Elle ne pouvait pas voir que dans sa main gauche les livres des Hommes remplaçaient désormais la balance des dieux, que son épée se couvrait du sang coagulé des âmes tuées, que sa robe n’avait plus du blanc que le souvenir. La seule chose dont elle pouvait se rendre compte était que sa coiffe de guerrière pesait de plus en plus lourd. Justice ignorait même qu’elle avait des représentants chez les Hommes qui ne représentaient rien d’autre que leurs propres intérêts.

C’est à se demander si la justice doit vraiment être aveugle.

Ma ville

Ville sans âme, aujourd’hui tu grandis
Comme un enfant mal éduqué, aujourd’hui tu renies
Ton histoire, ton passé, ton âme, ton identité.

Toi, ville de mon enfance, celle où j’ai grandi,
Je voudrai que tu prennes conscience de tout ce qui se dit
A ton propos dans le cœur d’un des enfants de ton malheur.

C’est avec dédain qu’aujourd’hui je m’adresse à toi
Toi dont l’odeur me met en émoi
Me renvoie toujours à moi, moi enfant, moi avant.

Dans ton sable j’ai joué, sur tes pierres me suis blessé,
Tes couleurs j’ai contemplé à tout moment de la journée
Le matin, la nuit tombée.

Je t’ai fait toutes mes confidences
En toi j’ai mis ma confiance
En toi j’ai perdu mon enfance
Pourquoi ? Me retrouver entouré de tant de souffrance.

Moi qui rêvais pour toi d’un avenir parfait, des journées durant j’ai écouté
Cette musique métallique que chantaient le nombre incalculable de chantiers
Qui mon passé ont peuplé et ton avenir ont volé.

Mais une fois loin de toi, ton enfant
S’est langui de ton soleil étouffant
De ton tapage incessant, assommant, agaçant,
De la cohue des gens déments
Qui peuplent tes appartements.

Et l’enfant un jour parti est finalement rentré au pays.
Une fois passée l’euphorie de ce retour de banni
Il a retrouvé ton ciel
Autrefois plein d’étoiles et de merveilles
Peuplé d’immeubles résidentiels.

Une petite vie rêvée

Non mais ca ne va pas ? Mais pour qui elle se prend celle-là, à me donner des leçons comme à un de ses élèves ? Et elle y met le ton en plus ! « Attention Omar, là tu deviens arrogant ». Quoi ? Et après ? Elle va me punir ou me sortir de classe ? Elle veut me dire comment élever mon fils ? Oui, MON fils. Parce que c’est ainsi qu’en a décidé le tribunal. Je m’en souviens comme si c’était hier : « Monsieur Salim Salem, né le 17 aout 2006 à White Horse au Canada, est mis de façon permanente, et cela jusqu’à atteindre la majorité, sous la responsabilité et la protection de son père Mr Omar Salem ».
Allez encore une fois, c’est trop bon !
« Monsieur Salim Salem (ça sonne bien hein ? C’est moi qui ai choisi le nom. Bon, c’est aussi le nom de mon père… elle aurait préféré Brian ou Jerry. S’est elle demandé comment vivent Brian et Jerry à Jbeil ? En temps que Brion et Jirré… non merci, pas pour mon fils ! Mais bon reprenons), né le 17 aout 2006 à White Horse (le pauvre ! il devra vivre avec ces deux mots sur son passeport toute sa vie. « White Horse »… encore heureux qu’elle n’ait pas choisi Yellow Knife… pfff. Une de ses lubies : « Où veux-tu qu’il aille, ton fils, avec sa nationalité libanaise ? Ah pardon j’oubliais la marocaine. Elle va lui servir cette nationalité. Arrête de faire ton fier et simplifie-lui la vie un peu ! » qu’elle répétait. Et c’est White Horse qui est supposé lui simplifier la vie ? Salim est donc) mis de façon permanente (et me voilà père légal pour les 15 prochaines années. C’est comme une seconde naissance de mon fils. Quelle joie de pouvoir me dévouer à lui ! Ca égayera ma vie de le voir tous les soirs à la maison, après être passé chez ma mère malade. Comparé au bain de maman, celui de Salim sera un jeu d’enfants… et c’est le cas de le dire ! …) de façon permanente et cela jusqu’à atteindre la majorité, sous la responsabilité et la protection (oui protection. Il faut que je le protège de cet espèce de psychopathe dont s’est amourachée Selma. Il veut venir le voir deux fois par semaine comme si c’était son père. Déjà qu’il me la prise, ma belle Selma, et me l’a transformée en Mme l’institutrice modèle ! Qu’il n’approche pas de mon fils ! Il refuse même que Salim aille le dimanche à la messe avec ses amis sous prétexte que nous sommes musulmans. A quoi s’attendait-il en venant s’installer dans ce quartier ? A y construire la première mosquée ? Si je suis venu ici c’est bien pour fuir ces quartiers pleins de mosquées. Bref on parlait de) la protection de son père (moi !) Mr Omar Salem ».
Bon c’est vrai qu’avec la venue de Salim à la maison, il faudra que je renonce à ce que les gens qualifient de mes caprices d’architecte. Je couvrirai de caoutchouc les coins des meubles, mon parquet se colorera surement de quelques taches et ma baie vitrée vue sur la mer dont je suis si fier se couvrira peu à peu d’autocollants… Eh oui, l’esthétique architecturale et la fonction de père ne se marient pas très bien.

Allez malgré tout, je suis tellement heureux d’aller chercher Salim demain, euh non aujourd’hui…
Quoi ? Aujourd’hui ?! Merde, j’avais complètement oublié ! Il faut que je fasse vite sinon la maitresse va encore me gronder !

Ecrire avec des mots imposés

Soleil sous la mer,

Belle au regard de fer

Ce midi en enfer

Cherche à mourir en chair.

Olympe se perd

En regrets et en prières

Dialectique du tonnerre.

dimanche 24 mai 2009

Vous êtes un tueur professionnel. Que prenez-vous au petit déjeuner?

-( Une voix fluette de jeune fille. D'une traite) Oui allô! Bonjour monsieur. Nous sommes une société de sondages: "Votre avis avant tout" et nous aimerions savoir si vous avez une petite minute à nous accorder pour répondre à la question de la semaine...
-...
- Allô?
- ( Une voix grave) Oui.
- Parfait! "Votre avis avant tout" vous remercie et aimerait savoir cher monsieur ce que vous prenez habituellement au petit-déjeuner.
- Vous vous foutez de ma gueule?
- Pas du tout monsieur. 50% des français mangent des céréales le matin, 20% des tartines beurrées, des croissants de la confiture, 10%...
- Je ne petit-déjeune pas mademoiselle. Le matin, je récupère.
-...
- Et vous? Vous mangez quoi le matin?
- Personnellement monsieur, je suis plutôt café croissant et parfois...Mais il ne s'agit pas de moi là, il...
- Où donc se trouvent les bureaux de votre société..."Votre agir avant tout"?
- Oui alors c'est "Votre avis avant tout"hein...ben je...euh...
- Oui?
- Ben à Levallois-Perret. Pourquoi?
- Et à qui ai-je l'honneur?
- Nous ne donnons généralement pas ce genre d'information monsieur... Mais vous m'avez l'air bien sympathique. Moi c'est Candice. Mais cela ne me donne toujours pas votre réponse à la question... Allô? Allô??

La faim

Consigne: Chacun écrit un thème sur un bout de papier. Un tirage au sort déterminera quel thème sera décliné à toutes les lettres de l'alphabet. Une fois que tous les mots sont trouvés, chacun les utilise et écrit un texte.

Mots: Appétit- Béant- Crève la Dalle- Estomac- Framboises- Girofle- Hotte- Indigestion- Jasmin-Kaki- Limonade- Mûres- Nèfles- Pêches- Qui veut se resservir?-Raisin- Salade- Touiller-Ustensiles-Vin blanc-Wasabi-Yogourt-Zeste

"Je crève la dalle!" Voilà comment cette femme s'exprime quand son estomac béant la dénude de tous les atouts de sa féminité.
Cela fait aujourd'hui un an et demi que je suis à son service. Jamais je n'aurais imaginé que je me retrouverais là. Moi qui rêve d'ouvrir mon restaurant... Mais bon ca paye bien et d'ici quelques années j'y arriverai.
"Je crève la dalle!" Une deuxième fois la voix retentit de l'autre bout de la maison. J'enfilai mon tablier et me mis à l'oeuvre. Seize heure: Salade de fruits.

- Une pognée de framboises dans sa tronche
- Un kaki me casse les oreilles
- Des mûres partout
- Des nèfles à six feuilles
- Du raisin miroitant
- Des clous de girofle dans les pieds
- De la veveine que je n'ai pas
- Du wasabi zarbi
- Des zestes d'écorce de citron bien acide
- Beaucoup de vin blanc

Voilà madame. J'arrive.

Portrait de famille

Consigne: Chaque personne du groupe prend position librement dans l'espace. Une autre personne se place par rapport à ce dernier et ainsi de suite jusqu'à ce que tout le monde soit en place. On effectue ensuite le chemin inverse. Et on recommence d'autres situations selon la même consigne.

Ils s'étaient allongés et avaient fermé les yeux
Il s'était assis pour tenter de les voir mieux
Il ouvrit les yeux et leur sourit
Mais finalement les haït

Ils s'en étaient allés cueillir
Les fruits jaunes de leur amour
Il apprit le goût amer
De sa bravoure

Mais finalement...

Ils allumèrent les flambeaux dans le noir
Il tua les monstres empêcheurs de voir
Resta fidèle à ses espoirs
Fidèles aussi à leurs déboires

Et finalement...

Cela ne les empêchait pas de festoyer
Dans la douce musique de leur nature
De s'aimer à en crever
A en crever, à en crever





En passant

Connsigne: Chacun à son tour murmure un mot à l'oreille de chaque personne du groupe. Après plusieurs tours, chacun écrit à partir des mots qu'il a retenus.


Elle remplit son panier de sourires, de rires et de quelques fous rires
En prévision des jours malades où elle serait grise
Son vague à l'âme à elle arrivait sans prévenir
Et ainsi qu'il était venu, repartirait emporté par une brise

Qui passerait par là

Elle remplit son panier de bisous, de baisers et de quelques étreintes
En prévision des jours amers où elle serait desséchée
Sa patience à elle s'était éteinte
Et jour après jour disparaissait dans la foulée

Qui passait par là

Elle remplit son panier de larmes, de hoquets et de quelques sanglots
En prévision...en prévision
Sa mémoire à elle ne taisait mot
Quand il disait des non non non

Qui passaient par là

Puis elle vida son panier de tout
Sans prévision...sans provisions
Sa vie à elle n'est pas à vous
Chers compagnons

Qui passaient pas là

Où vont les nuages?

Où vont ces gens qui marchent? Où vont ces feuilles qui tombent des arbres? Où vont les sourires des enfants? où vont les baisers des amoureux? Où va le vent? Où vont les jours qui passent? Où va la poussière? Où vont les mouches quand il pleut? Où vont mes pas? Où vont les nuages? Où va la fumée des plats chauds? Où vont les étoiles? Où vont les mots? Où vont les odeurs? Où vont les larmes? Où vont les pensées? Où vont les sentiments? Où vont ces oiseaux? Où vont les rêves? Où vont les gestes? Où vont les souvenirs? Où vont les vagues? Où vont les couleurs? Où vont mes questions?

Là-bas. D'où elles viennent.
Là. Partout d'où je viens.

Où et comment aimeriez-vous mourir?

Je brasse l'air de ma main, de mon bras
Plante mes orteils dans le sol froid
Penche ma tête vers l'étoile du berger
Pirouette dans ma robe d'été

Lève le genoux, le bas de jambe
Pointe le pied. In dithyrambe
Porte mon bassin vers toi
Tombe dans ma robe d'été

Relève-toi. Respire

Mes cheveux me caressent le dos
Mes hanches fourmillent
Mes fesses, par monts, par vault
Mes yeux grésillent

Relève-toi. Respire
Relève-toi! Respire

Mes oreillent sifflent
Ma peau craquèle
Mes joues me gifflent
Mes os gèlent

Relève-toi! Respire

Mes épaules lachent
Mes doigts glissent
Ma bouche craque
Mes os crissent

Relève-toi! Respire
Relève-toi! Respire
Respire...Respire...Expire....

dimanche 17 mai 2009

Sept de coupe

Tes genoux enfoncés dans le roc
Tes pieds sales pleins de sel
Ta chevelure éparse et rebelle
Tes main qui supplient du toc

Alors que je suis là

Tes yeux boursouflés
Ton habit trop lourd
Tes joues rouges d'avoir trop couru

Alors que je suis là

Ton regard peureux
Devant tes monstres vieillis
L'illusion d'être heureux
Alors que ton îlot est tout petit

Alors que je suis là, si tu veux bien

Je suis la force que tu penses ne pas avoir
Je suis l'espoir auquel tu aspires
Je suis l'amour que tu réclames
Je suis le blanc de ton gris
Le bateau sur ton chemin
Et le breuvage de ta coupe vide

Je suis Toi. Si tu veux bien

samedi 16 mai 2009

Quick

Consigne: Chacun imagine un personnage fictif et remplit sa fiche d'identité. S'ensuit un texte à la première personne du singulier ainsi que le synopsis de l'histoire de laquelle serait tiré ce texte.

M Tize Barnabé
Né le 1/8/69 à Paris.
Nationalité française. Double nationalité: Française.
Divorcé à feue Elisabeth Tiz, garde d'enfants.
Adresse: Ville: Jugeote, quartier: Cortex Gauche, rue de l'interstice, Imm. Huis Clos.
Zéro enfant à charge.
Deugué de lettres modernes en 2004 à Paris III, Sorbonne.
Établissements scolaires fréquentés pendant les études: Je n'ai pas fréquenté d'établissement scolaire pendant mes études.
Langues: Français, Latin et ancien français.
Fonction actuelle: Professeur particulier de français, à la maison
Employeur: Quick de 2000 à 2004. Caissier et assistant manager

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7 mars 2009

Ca y est. Elle m'a quittée. J'avoue que je ne comprends pas bien. Tout ce que j'ai bien pu faire n'a pas suffi. J'ai pourtant suivi à la lettre tous les ouvrages que Jojo de la librairie Chouette m'avait conseillés:
- Amour mode d'emploi
- Aimer, qu'est-ce que c'est?
- Le sexe dans tous ses états
- Aimer et rester libre
Non vraiment, je ne comprends pas où j'ai merdé. Bon, il est vrai que j'ai peut-être quelques fausses notes sur mon compte...Rien de bien grave finalement.
Jái voulu l'attacher au lit dès notre premier rendez-vous; je l'ai demandé en mariage puis j'ai changé d'avis; je lui ai fait croire que j'étais assistant manager chez Quick alors que je ne suis qu'un simple caissier; j'ai boudé à chaque fois qu'elle n'était pas d'accord avec moi; je lui répétais souvent que j'étais mieux sans elle qu'avec elle; je ronfle la nuit ( mais pour les quelques 4 nuits passées ensemble en 3 ans elle pourrait faire passer ca!)

Mais je'l'ai aimée. Je ne le lui disais pas mais il m'arrivait de le montrer. Et puis j'ai d'autres qualités qu'elle n'a pas su aprécier en moi, la conne. Je suis beau, intelligent, débrouillard, gentil...j'ai une belle collection de canards, j'ai soigneusement archivé tous les menus des livraisonsà domicile pour qu'elle s'y retrouve mieux les samedis soirs, je n'écoute pas de musique classique, je l'ai laissée meubler toute seule mon appartement, je l'ai éloignée de tous ses idiots d'amis, je l'ai encouragée à commencer une analyse, je lái maltraitée parfois pour qu'elle soit plus réesistante à la douleur. Bref, j'ai fait d'elle une femme libre. Une femme forte.

Et voilà comment elle me remercie. La pute.
Elle n'a jamais compris que c'était pour ne pas l'envahir quón se voyait si peu. Que c'était pour mieux la désirer qu'on faisait rarement l amour. Pour la trouver belle que je sortais avec d'autres filles.
Quelle ingrate. Non mais je vous jure. Je pense bien que c'est la dernière fois que je donnerai autant à une femme!

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Les Mémoires de Barnabé Tize

Barnabé Tize, un personnage à priori sans grande envergure, caissier chez Quick à Paris, accumule les échecs amoureux et professionnels sans jamais en cerner la cause...jusqu'au jour où il apprend qu'il a contracté une maladie grave.
Mais est-ce trop tard?

Les puces

Elle s'est effacée comme une ombre derrière son encre noire. Elle renonce. Pourtant des mots la cherchent. Des mots l'appellent. Ils sautillent derrière son dos comme des puces affamées. Mais elle reste impassible: "Débrouillez-vous sans moi. Quand je vous appelle vous fuyez, quand je vous tourne le dos vous êtes prêts à me sauter dessus."

Elle

Tournicoti, tournicota. Et hop la mèche s'entortille entre ses doigts. Elle attend. Vérifie que personne ne la regarde. Se recoiffe rapidement. Se redresse. Sourit. Et maintenant quoi? Elle attend. Sourit. Attend. Souris. Elle connaît bien ce manège. Toujours à la même table, dans ce même café où il y a dix ans elle l'avait rencontré. Et voilà qu'elle attend depuis dix ans, avec le même acharnement, même cet autre, n'importe qui, celui qui ne viendra pas. Malgré son dos bien droit et son sourire poli. Parce que son dos bien droit et son sourire poli.